Chaque année, à Montréal et partout dans le monde, le 12 janvier, les Haïtiennes, les Haïtiens et leurs ami-es de toute origine, se réunissent pour commémorer la mémoire des victimes et démontrer leur solidarité avec les personnes qui vivent dans des conditions difficiles. Nous nous retrouvons pour nous rappeler que, le 12 janvier 2010, nous avons tous perdu une partie de nous.

À la suite du séisme, nous avons résolu de changer notre façon de vivre, de ne plus juger les autres et de ne pas laisser le jugement des autres dicter nos choix. Nous avons juré de ne plus jamais être insensibles à la misère des autres. Nous avons promis de miser sur les aspects agréables de notre quotidien et de prendre le temps d’apprécier notre confort et les petites choses de la vie.

Il ne faut jamais oublier ce mardi 12 janvier 2010, ne jamais oublier la douleur, l’angoisse, les larmes, mais aussi le courage des Haïtiennes et des Haïtiens. Il ne faut jamais oublier la solidarité des peuples du monde, ne jamais oublier la compassion de notre voisin, le regard impuissant de notre collègue de travail et le silence causeur des passants.

Il ne faut jamais oublier le dynamisme et la fierté avec laquelle les enfants de notre école de quartier avaient mené leurs modestes activités de collecte de fonds. Ces enfants s’étaient comportés comme si leur destin était intimement lié à celui des enfants de Port-au-Prince. C’est ça, la solidarité humaine.

Malgré l’ampleur de la catastrophe, la tristesse, les morts, les sans-abri et un deuil quasi impossible à faire, le tremblement de terre nous a offert une occasion de devenir plus solidaires, plus soucieux du mieux-être de nos concitoyens, plus tolérants devant les petits défis du quotidien et plus sereins devant l’adversité. Commémorer le tremblement de terre c’est en faire le symbole de notre capacité à nous relever, d’apprécier la vie, d’offrir notre aide à ceux qui sont dans le besoin.

Ces rencontres annuelles nous permettent de dialoguer autour de l’avenir de notre communauté, de notre potentiel de contribution dans la reconstruction du pays et de notre attachement à Haïti. Mais pour que cette catastrophe ait un semblant d’utilité ou une apparente raison-d’être, le 12 janvier doit être un moment pour renouveler notre engagement de citoyen, pour jeter un regard positif sur notre propre vie et focaliser nos énergies sur ce qui va bien.

Gardons vivantes et honorons ces leçons si péniblement apprises, pace que ce n’est que ça qui nous rapprochera de cette partie de nous que nous avons perdue le 12 janvier 2010.