le 16 mars 2021, le Brésil avait enregistré 2 286 décès, un record qui portait le nombre de morts liés à la Covid-19 à 282 127 personnes. Ce jour-là, ce pays avait consolidé sa 2e place derrière les États-Unis pour le nombre de morts. Mais il avait surtout confirmé sa place incontestable au premier rang mondial pour le nombre de décès par 100 000 habitants. Tout ça, parce qu’un autre Président incompétent s’est amusé à jouer à l’andouille.

Dès le début de la pandémie de Covid-19, Le Président Jaïr Bolsonaro disait que les restrictions dans les transports publics, les mesures de distanciation physique, les fermetures d’écoles et d’entreprises relevaient d’une politique de terre brulée qui auraient des impacts plus dommageables pour le Brésil que la maladie. Résultat… pendant que la maladie était sous contrôle partout sur la planète, le Président avait réussi à faire de son pays, un danger public.

Le 29 mars 2020, après une tournée dans les rues, le Président du Brésil avait refusé de porter un masque. Il avait dit que «la Covid-19 est là, nous devons y faire face comme des hommes. Nous allons tous mourir un jour. C’est la vie». Le 28 avril 2020, quand des journalistes l’avaient confronté sur les statistiques relatives aux morts, il avait répliqué : «So what? I’m sorry, but what do you want me to do?» Comble de malheur, le 7 juin 2020, Jaïr Bolsonaro a reçu les résultats d’un test positif pour la Covid-19. Son épouse n’a pas été épargnée. Le 27 décembre 2020, le vice-président du Brésil, Hamilton Mourao, a lui aussi reçu un résultat positif. Pour Jair Bolsonaro, il n’y avait rien à faire. C’est le destin, la fatalité. Et pourtant…

Le Président du Brésil devait simplement se fier aux études qui, dès le début de la pandémie disaient qu’entre 53 et 86 millions de Brésiliennes et de Brésiliens avaient au moins une condition préexistante qui pouvait mettre leur vie en danger s’ils devaient contracter le virus. Ces études disaient que la pandémie était arrivée au milieu d’épidémies d’obésité, d’hypertension, de troubles cardiaques et de diabète. Les groupes à risques étaient les Afro-descendants et les Indigènes, des gens à qui, depuis toujours, Jaïr Bolsonaro n’avait offert que le mépris et le dédain.

En décembre 2020, pour rester cohérent dans sa bêtise, Jaïr Bolsonaro a mis en garde ses concitoyennes et ses concitoyens contre la vaccination au Covid-19. Il est convaincu que le produit développé par Pfizer-BioNTech pourrait transformer les Brésiliennes et les Brésiliens en crocodiles. Au mieux, croit-il, on assistera à une forte augmentation du nombre de femmes à barbe et d’hommes efféminés.

En janvier 2021, Human Rights Watch (HRW) a rapporté que La Cour suprême du Brésil était intervenue pour bloquer le projet du Président qui tentait de s’opposer au droit des États de limiter les déplacements de la population. Il voulait aussi interdire la publication de données sur la Covid-19. HRW a révélé que le gouvernement Bolsonaro avait ressorti une loi datant des années de la dictature qui interdit de critiquer le Président et son entourage. La Loi sur la sécurité nationale permet de museler la liberté d’expression et faire emprisonner quiconque oserait critiquer la réponse de Jaïr Bolsonaro à la pandémie. Des politiciens, des journalistes, des humoristes et de caricaturistes avaient été ciblés.

Mais, le pic du drame brésilien s’est joué en mars 2021. En date du 8 mars, le Brésil a recensé 11,1 millions de cas de Covid-19. Le pays a enterré 268 370 personnes. Devant l’incapacité d’organiser une campagne de vaccination, chaque jour, près de 2 000 décès s’ajoutent au bilan. Il y a des éclosions partout. Le système de santé est à pleine capacité. Questionné sur la situation, Jaïr Bolsonaro a répondu à ses concitoyennes et à ses concitoyens… «Arrêtez de vous plaindre ! Vous allez pleurer jusqu’à quand ?».

Pour l’épidémiologiste, Jesem Orellana, Jaïr Bolsonaro a perdu la lutte contre la Covid-19 dès le début de la pandémie. Seul un miracle pourrait permettre de renverser ce scénario tragique. Il a ajouté que le Brésil est devenu un laboratoire à ciel ouvert, une véritable menace pour l’humanité. Ce sont les mêmes constats qui ont amené le Directeur de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghrbreyesus, à dire que le Brésil représente un danger pour toute l’Amérique latine. Comme de fait, en mars 2021, les 11 plus grandes villes du pays avaient commencé à enregistrer plus de décès que de naissance.

Sur le site du journal Folha de Sao Paulo, on peut lire, «President Jaïr Bolsonaro’s murderous stupidity in the face of the coronavirus pandemic has surpassed all limits». Dans un tweet publié le 15 décembre 2020, Democracy Now qualifie le leadership de Jaïr Bolsonaro de Lethal incompetence. Toujours sur Twitter, le compositeur Zeca Baleiro a dit du Président, qu’il est soit un sociopathe incurable, un voyou, un idiot ou un politicien incompétent. Aux bons mots du compositeur, j’ajouterai… Most probably, all of the above.

Je sais que je me répète, Jaïr Bolosnaro me donne raison quand je dis que le plus grand défaut de la démocratie, c’est qu’elle permet d’élire le plus populaire, même s’il est incompétent.

Frédéric

Sources : Rev. Saúde Pública vol.54 São Paulo, Mai 2020, Reuters, BBC News, The Guardian, Folha, Forbes, Global News, AFP.

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