Le 7 juin 2021, Ban Ki-moon, prendra la parole devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval. Les invités se feront donner des leçons sur une économie respectueuse de l’environnement par un homme qui est responsable et imputable d’un crime environnemental, un écocide qui a fait plus de 30 000 morts.

En janvier 2017, j’avais fait parvenir une lettre au successeur de Ban Ki-moon pour lui demander de lever son immunité afin qu’il soit traduit en justice. Je partage cette lettre avec vous, telle qu’elle a été publiée dans Ferme les yeux, ouvre la bouche, avale.

Laval, le 6 janvier 2017

Monsieur Antonio Guterres
Secrétaire général de l’ONU
UN Headquarters
First Avenue at 46th Street
New York, NY 10017
USA

OBJET : Demande de la levée de l’immunité de Ban Ki-moon pour responsabilité criminelle dans l’épidémie de choléra en Haïti.

Monsieur Guterres,

Je viens vous rappeler qu’en juillet 2014, Ban Ki-moon, votre prédécesseur, a été se donner en spectacle en Haïti où il avait promis de trouver 2,2 milliards de dollars pour mener à bien son Plan National d’Élimination du Choléra. Puisqu’il croit que les victimes peuvent patienter avant de crever, il s’était donné 10 ans pour débarrasser le pays du mal qu’il a contribué à y perpétuer. Si je vous écris, M. Guterres, c’est pour dénoncer celui qui, je crois, a fermé les yeux sur cette négligente stupidité, et pour vous inviter à lui demander, une fois pour toutes, d’accepter de faire face à ses responsabilités dans cette épidémie de choléra qui a tué des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens.

Le Professeur Renaud Piarroux, dans son rapport de mission sur l’épidémie de choléra en Haïti, a dit que l’alerte a été donnée le 18 octobre 2010 par la coopération médicale cubaine. Selon des témoins qu’il a rencontrés, il existait, au moment où l’épidémie s’est déclarée, des tuyaux provenant de la base de la MINUSTAH qui déversait un liquide nauséabond dans la rivière. Si le Professeur Piarroux ne les a pas vus, c’est parce que, selon les résidents du coin, ils ont été enlevés dès que l’épidémie a été déclarée.

L’affaire des tuyaux a été confirmée par Jonathan M. Katz. Dans un article paru dans La Presse du 29 octobre 2010, il a révélé que des journalistes de l’Associated Press (AP) qui s’étaient rendus à la base avant le Professeur Piarroux « ont vu des tuyaux ouverts et fendus à l’arrière du bâtiment, où des enquêteurs de l’ONU récoltaient des échantillons. Les journalistes ont senti une forte odeur d’excréments et ont vu qu’un tuyau sortant d’une fosse septique déversait un liquide noir malodorant en direction de la rivière ».

Une entreprise haïtienne sous-contractée par la MINUSTAH, Sanco Enterprises SA, s’est esquivée, certes, mais elle a confirmé qu’elle avait pour mandat de vaporiser de tels déchets avec de l’eau de javel. À mon avis, il a longuement été démontré que, peu soucieux de la qualité de vie de ceux qu’ils étaient venus sauvés, insouciants et négligents, les Casques bleus népalais ont créé cette épidémie meurtrière. Mais ce n’est pas pour cette partie du problème que je vous interpelle.

Si vous prenez la peine de fouiller dans les archives de votre organisation, vous découvrirez que ce sont les hautes autorités de l’ONU qui, trop confortables dans la position de l’autruche, la tête dans le sable et le cul en l’air, n’ont pas reconnu à temps la gravité de la situation. Je crois que c’est la négligence par-dessus la négligence qui a retardé le développement des mesures correctives.

Quand la situation est devenue insoutenable, moins soucieux de réduire le nombre de victimes, l’ONU a multiplié les enquêtes et les salamalecs, les réunions et les commissions. Puisqu’il lui était impossible de trouver des prétextes pour sortir de l’imbroglio, Ban Ki-moon, dans une autre brillante prestation, avait dit qu’il était plus important de soigner les malades que de trouver des responsables. C’est là que l’Ex-secrétaire général de l’ONU a délibérément choisi de se rendre totalement inutile. C’est pour cette partie du problème que je vous interpelle.

En 2016, deux ans après que Ban Ki-moon ait promis d’éradiquer le mal, le Ministère haïtien de la santé publique évaluait le taux de contamination à 754 personnes par jour. Preuve de l’échec de son fameux Plan National d’Élimination du Choléra, les études menées par Alex Weppelmann de l’Université de la Floride ont conclu en avril 2016, que si la tendance se maintenait, Haïti devrait composer avec une endémie récurrente sur plusieurs décennies.

De plus, Jean-Michel Caroit écrivait dans Le Monde du 9 août 2013 que sur les 200 organisations internationales qui étaient sur le terrain durant la première année de l’épidémie, il n’en restait qu’une douzaine.

AP nous avisait en mars 2016 que selon un rapport de l’ONU, sur les 2,2 milliards promis par Ban Ki-moon, il n’avait amassé que 307 millions de dollars qui n’ont pas eu d’impact significatif sur l’épidémie. Maintenant que je vous ai convaincu que Ban Ki-moon, qui avait « la Responsabilité de protéger », a échoué dans les soins aux malades, peut-être qu’il serait temps d’identifier les négligents et d’identifier les coupables. Qu’en dites-vous M. Guterres ?

Force est d’admettre que même les plus idiots du contingent de Casques bleus népalais devaient savoir que leurs actes rendraient l’eau de la rivière impropre à la consommation. Les andouilles comme les abrutis devaient comprendre que le déversement de matières fécales dans une rivière représente, en tout lit, en tout temps et en tout lieu, une menace pour l’écosystème et par conséquent, pour la santé humaine. Pire encore, cet acte contrevient à des principes édictés par l’ONU.

Environ 3 mois avant l’éclosion de l’épidémie, le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale de l’ONU avait reconnu l’accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit humain, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie. Et ça, c’est sans compter qu’en 2002, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies avait déjà amené 53 États à voter en faveur d’une résolution qui reconnaissait l’accès à une eau salubre et à des réseaux d’assainissement comme un droit humain fondamental, au même titre que le droit à l’alimentation et au logement.

En contaminant un cours d’eau, même s’ils ne se savaient pas porteurs de la souche du choléra, les Casques bleus ne pouvaient prétendre qu’ils ne comprenaient pas les risques pour la santé humaine.

Je crois, M. Guterres, que c’est la bêtise consciente de ces écervelés et la tolérance aveugle de leur patron qui auraient causé la mort de milliers d’innocents. Leur patron, c’était nul autre que Ban Ki moon.

Parlant de la guerre en Syrie, l’ancien Secrétaire des Nations-Unies avait dit que ceux qui ont fait montre de peu d’égards pour la vie humaine, ceux qui ont fermé les yeux sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, pourraient être reconnus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Je prends Ban Ki-moon au mot et au pied de la lettre.

En Haïti, au cœur de l’épidémie de choléra, dès qu’il a senti qu’il y avait peu d’égards pour la vie humaine, que sans équivoque, il y avait des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, Ban Ki-moon a embarqué ses Casques bleus. Il les a expédiés vers le Soudan du Sud, sans-bruit-sans-compte. Je vous prie, M. Guterres, de présenter aux Sud-soudanais mes sincères condoléances.

Je crois qu’en autorisant le départ des Casques bleus, Ban Ki-moon a offert à ces empoisonneurs, l’impunité, l’immunité et un sauf-conduit. C’est ainsi qu’il a empêché que leur négligence criminelle soit confirmée par des enquêtes et des tribunaux, que les coupables soient punis et que leurs victimes reçoivent justice et réparation.

Lorsqu’il a été interpelé par des membres du Congrès américain, Ban Ki-moon a confirmé que l’ONU ne reconnaitrait pas de responsabilité pour l’épidémie et refuserait d’établir une commission d’indemnisation pour les victimes. Ban Ki moon avait rappelé aux Congressmen que son organisation bénéficiait d’une immunité judiciaire face aux poursuites et aux demandes de compensation.

Si je m’adresse à vous, M. Guterres, c’est pour vous demander de lever l’immunité de Ban Ki-moon. Je vous rappelle que dans les documents issus de la 59e session des Nations-Unies, il est inscrit que vos employés sont protégés par la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies. Avant vous et après vous, M. Guterres, c’est le Secrétaire général qui peut lever l’immunité s’il estime que son maintien empêcherait que justice soit faite.

Il me semble, M. Guterres, que Ban Ki-moon a omis de faire ce qu’il est de son devoir d’accomplir et que son comportement ne semble pas être ce qui serait attendu d’un citoyen raisonnable qui, de surcroit, occupe la fonction de Secrétaire général de l’ONU.

C’est justement pour cela que je vous demande formellement, au risque de me répéter, de lever son immunité afin qu’il soit traduit devant une Cour qui pourrait juger si oui ou non, Ban Ki-moon est coupable de négligence criminelle.

Moi, un simple citoyen, je n’ai pas les compétences pour juger les actes et le comportement de Ban Ki-moon. Mon devoir de citoyen, pas moins important que le vôtre, est de partager mon indignation en soulevant des questionnements sur sa responsabilité dans cette merdouille qui a inutilement enfoncé des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens dans le deuil, le désespoir et la misère infrahumaine. Le reste vous appartient.

Le 1er décembre 2016, Ban Ki-moon a fait son mea culpa. Il a non seulement raté une occasion de se fermer la gueule, mais il croyait qu’en leur fermant les yeux avec ses regrets et ses remords en carton, que les Haïtiennes et les Haïtiens accepteraient, sans pleurnicher, d’avaler ses colombins. Puisque personne n’a accepté ses excuses, il a raté son coup, et pour vous, M. Guterres, le signal est clair.

Les victimes n’ont pas besoin d’excuses, ni hier, ni aujourd’hui, ni dans 100 ans. Elles demandent simplement que des mécanismes soient mis en place pour qu’un prochain Ban Ki-moon ne vienne cacader leur pays en y dégrêlant son gros intestin.

Je refuse, Monsieur le Secrétaire général, de fermer les yeux et d’accepter que ce crime reste impuni et que tout le monde s’en torche les oubliettes, le sot-l’y-laisse et les croupions.

Moi, je ne sais pas pour vous, si j’ouvre la bouche c’est pour dire que je refuse qu’après avoir littéralement fait chier les Haïtiens, que Ban Ki-moon tire sa révérence comme un pet dans le vent.

Moi, je vous le dis, personne, vraiment personne, encore moins Ban Ki-moon, ne me fera avaler cette merde.

Je vous prie, Monsieur le Secrétaire général, de recevoir mes respectueuses salutations.

Je compte sur vous !

Citation suggérée : Frédéric Boisrond, Ferme les yeux, ouvre la bouche, avale, (Page 123 à 127), Solutions Feed-Back Actif, Laval, Canada, mai 2017.

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