La flambée de violence à laquelle on assiste en Haïti aujourd’hui, est le résultat de l’échec de l’implantation de la démocratie. Dans les faits et dans les effets, c’est la poursuite logique de la dictature. Pire encore, celui qui a usurpé le pouvoir, Ariel Henry, agit comme s’il était le parrain d’une mafia, le chef d’un groupe criminel organisé qui, dans l’ombre et en silence, laisserait ses sbires commettre des crimes graves pour en tirer directement profits. Mais, personne n’a osé remettre en question l’appui inconditionnel du Canada à Ariel Henry. Et moi j’avance que le Canada qui affirme ouvertement avoir le leadership sur la crise haïtienne, a fabriqué une légitimité sur mesure pour Ariel Henry. Le gouvernement du Canada est pleinement conscient qu’il maintien au pouvoir et protège un régime autocratique.
TEMPS DE LECTURE 12 MINUTES
Ce que vous savez c’est que depuis la chute du régime dictatorial des Duvalier en 1986, les Haïtiennes et les Haïtiens n’ont pas arrêté de compter leurs morts. Des journalistes, des militants, des juges, des avocats, des opposants politiques, des syndicalistes, des leaders d’opinion, des étudiantes, même des élèves, des simples citoyens, même des enfants, ont été, depuis 1986, contraints à l’exil, réduits au silence ou exécutés. Pourtant, cette nation s’était donnée une Constitution qui garantissait la liberté de penser, la liberté d’expression, la justice, la liberté d’association, le droit à l’éducation, le droit à la vie et le droit de choisir ses représentants. Et pourtant…
Ce que vous ne savez pas assez, c’est que la plus grande déception des Haïtiennes et des Haïtiens est surement de s’être fait voler leur droit de vote. Le diplomate chilien Juan Gabriel Valdes, membre du Global leadership Foundation disait que la crise que vit présentement Haïti est le résultat d’une décision qui a été faite en 2010 par le Core Group, une bande organisée d’ambassadeurs qui, à force de manigances et de magouilles, a pris le contrôle de la vie politique du pays et qui restent à ce jour, le vrai gouvernement d’Haïti. Cette décision c’est la fabrication des résultats des élections présidentielles de 2010 pour donner le pouvoir à Michel Martelly du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK). Ce vulgaire chanteur populaire en faillite financière, ce guignol en décadence sociale, ce saltimbanque déculotté s’était, avec raison, autoproclamé… Bandit légal.
Ce vol du droit de vote de l’électorat haïtien, a été confirmé par Pierre-Louis Opont, Directeur du Conseil électoral haïtien qui disait que les résultats officialisés, n’étaient pas ceux compilés par son équipe. Ginette Chérubin qui représentait le secteur femmes au sein de ce même Conseil électoral, a rapporté un échange entre Pierre Louis Opont et Edmond Mulet, le Représentant permanent du Secrétaire général de l’ONU en Haïti. Parlant au nom de la communauté internationale, disait-il, ce colon 2.0 avait intimidé les membres du Conseil électoral avant d’intimer l’ordre au directeur du CEP d’éliminer le candidat Jude Célestin au 1er tour des élections présidentielles.
Dans son livre Le ventre pourri de la bête, Ginette Chérubin a écrit que Pierre-Louis Opont avait refusé de se plier aux ordres d’Edmond Mulet. J’en déduis qu’il avait trouvé des expressions empreintes de délicatesse pour envoyer Edmond Mulet s’asseoir sur un cactus. Puisque ça n’allait rien changé, à savoir, Pierre-Louis Opont doit surement regretter de ne pas l’avoir envoyé chier net-frèt-sec.
Ginette Chérubin a écrit que « pour atteindre son objectif, la communauté internationale avait fait main basse sur le second tour des élections ». La machine a inventé des résultats aurait complété son travail dans la nuit du 3 au 4 avril 2011, ce qu’elle appelle, la nuit de toutes les souillures. Autre confirmation… Ricardo Seitenfus qui était Représentant de l’Organisation des États américains en Haïti entre 2009 et 2011, a dit avoir perdu son poste parce qu’il s’était opposé à la falsification des résultats. Le 22 septembre 2021, l’Envoyé spécial américain, Daniel Foote, a écrit dans sa lettre de démission que Haïti ne s’en sortira jamais si le Core Group continue à voter à la place des Haïtiennes et des Haïtiens. Tout ça pour donner raison à Georges Clemenceau qui disait « une dictature est un pays dans lequel on n’a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste pour apprendre le résultat des élections. »
En plaçant Michel Martelly au pouvoir, celui qui aujourd’hui dit se sentir valorisé quand son public le traite de charogne, le Core Group avait finalement accompli son plus cher desiderata, domestiquer un bouffon de service, lui donner l’illusion de diriger pour enfin mettre Haïti sous sa curatelle.
Pendant tout son mandat, Michel Martelly celui que le Canada avait aidé à voler le pouvoir, n’a réalisé aucune élection et il a géré son pays par décret. Michel Martelly avait reçu toute l’aide nécessaire de ses commanditaires pour remettre le pouvoir à son poulain Jovenel Moïse qui a poursuivi les mêmes politiques que Michel Martelly, les mêmes tactiques que les Duvalier.
Comme les Duvalier, comme Michel Martelly, comme Jovenel Moïse, l’actuel Premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, lui aussi du PHTK, ancien ministre de Michel Martelly, dirige le pays sans contre-pouvoir. Le PHTK s’est assuré de n’avoir aucun opposant et avec ses tactiques mafieuses, il a réussi à faire taire la rue.
Pour parler de démocratie représentative en Haïti, il faudrait que l’Article 149 de la Constitution soit respecté. Cet article dit que la personne qui remplace un Président qui est dans l’incapacité de remplir ses fonctions, dispose de 90 jours pour remettre le pouvoir à des élus. En poste depuis le 20 juillet 2021, Ariel Henry n’est en fait qu’un usurpateur du pouvoir, un dictateur qui bénéficie de l’insécurité, cette imposante entrave à la tenue d’élections.
Comme avec les Tontons macoutes de Duvalier, le PHTK a financé et armé des fiers-à-bras pour protéger sa mainmise sur le pays. Ce sont ces mêmes vauriens qui, aujourd’hui se sont constitués en gangs qui créent une crise sécuritaire qui alimente une crise humanitaire, économique, sociale et sanitaire. Tout pour transformer l’idéal de démocratie en voyoucratie.
Dans un article publié le 22 août 2023 dans Le Nouvelliste, Roromme Chantal qui est professeur de Sciences politiques à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, écrivait que Ariel Henry était ouvertement critiqué pour sa complicité avec les gangs. Certains l’accusent « d’orchestrer la violence en instrumentalisant les gangs armés qui sèment impunément la terreur au sein de la population ». Une complicité avec les gangs qui l’aide à exiger une improbable intervention étrangère, une demande qui n’est rien d’autre qu’une diversion pour cacher un aveu d’incapacité, une stratégie pour rendre impossible la tenue d’élections, une tactique classique pour se maintenir au pouvoir.
Pour parler de démocratie en Haïti, il faudrait qu’il y ait dans le pays des organes de l’État qui permettent à chacun d’exercer sa citoyenneté. Or, le régime de Ariel Henry ne peut garantir l’approvisionnement en eau potable, en nourriture, encore moins des soins de santé. Ce régime ne fait rien pour permettre aux enfants d’aller à l’école, rien pour leur offrir des conditions minimales d’apprentissage. À ce rythme là, Ariel Henry laissera en héritage une génération de cancres et de glandouilleurs dont émergera les prochains chefs de gangs.
Ariel Henry ne fait rien, absolument rien, pour permettre à la population active de gagner sa vie sans se faire humilier. Ariel Henry ne fait rien pour venir en aide aux 5 millions de personnes qui se retrouvent en insécurité alimentaire. Rien. Absolument rien. Il ne fait rien pour remettre en marche le système de justice dans un pays où environ 15 personnes sont assassinées chaque jour. Ariel Henry n’offre rien, même pas la compassion aux victimes de son régime. Même pas un tout petit peu d’humanité pour les femmes et les fillettes d’Haïti. Rien. Sauf le bruit assourdissant de son silence, un silence qui confirme son dédain.
Dans une longue enquête, la journaliste Nancy Roc a rappelé qu’en Haïti, on estime qu’au moins 30% des femmes âgées de 15 à 30 ans ont été victimes d’abus ou de violences sexuelles. Elle a surtout démontré combien les violences contre les femmes constituent un fléau banalisé. Nancy Roc a avancé que les victimes sont méprisées par les autorités policières et judiciaires et ne reçoivent aucun appui de l’État. Au contraire, des femmes et des jeunes filles sont prises en otages par des gangs et violées, tour à tour, au vu et au su de tous. Justement !
Si les droits des femmes et des fillettes restent un enjeu crucial, c’est entre autres parce que Michel Martelly, un abject chanteur ignominieux, a endoctriné toute une génération avec son discours misogyne, violent, haineux et son apologie du viol des femmes. C’est pour éviter qu’il répande son idéologie ordurière que dès 2019, le Canada, les États-Unis et la France, ses commanditaires d’antan, avaient interdit ses spectacles sur leur territoire respectif.
Ce que vous devriez retenir de cette enquête de Nancy Roc, c’est que Ariel Henry, sa ministre de la justice ainsi que sa ministre de la condition féminine, n’ont rien fait face aux violences subies par les femmes et les fillettes haïtiennes. Rien. Le cri du cœur de Nancy Roc c’est pour nous dire qu’en Haïti, le viol est devenu une arme de guerre, une guerre civile qui ne porte pas encore son nom. Son cri d’alarme c’est pour nous mettre en garde des ravages à court et moyen terme sur le corps, la cérébralité et l’équilibre des femmes et des fillettes de ce pays. À cette cadence là, Ariel Henri lèguera comme autre héritage, une génération d’Haïtiennes ecchymosées dans leur chair, taraudées par la peur de l’autre, chiffonnées dans leur amour-propre, des femmes à l’âme tourmenté, des fillettes emprisonnées pour le restant de leurs jours dans un corps qu’elles ne peuvent plus supporter, une carcasse dont elles souhaitent pouvoir s’extirper.
Haïti est à l’an zéro de sa transition vers la démocratie. Pour démarrer, il faudra un vaste programme d’éducation populaire, pour entre autres, assurer la compréhension des devoirs et responsabilités qui viennent avec la citoyenneté. Pour décoller, il faut un renouvellement de la classe politique, aujourd’hui composée majoritairement de vieux hommes déphasés, déconnectés, fossilisés et limoneux, qui n’ont jamais connu rien d’autres que la culture duvaliérienne.
Si le Canada et le Core Group, les curateurs d’Haïti, sont imputables de cette crise, la classe politique haïtienne, dans son rôle de collaborateur à rabais, de domestiques dociles et affamés qui a trahi ses compatriotes, doit assumer la pleine responsabilité de la mise en place de cette dictature qui ne porte pas son nom.
Ginette Chérubin a écrit dans Le ventre pourri de la bête que Myrlande Manigat qui avait une avance insurmontable dès le premier tour des élections de 2010, n’avait pas contesté la magouille qui avait donné la victoire à Michel Martelly. Pourtant, écrit-elle, « il ne manquait pas d’indices révélateurs d’une opération douteuse effectuée aux dépends de Myrlande Manigat ». Pierre-Louis Opont avait ajouté que la supercherie par laquelle le Core Group avait nommé Michel Martelly au poste de Président d’Haïti, s’était concrétisée parce que personne n’avait contesté les résultats préfabriqués. Ces résultats avaient, dit-il, été négociés entre le gagnant et les perdants par la communauté internationale.
Et moi, j’accuse ces perdants, tous les perdants qui, dans leur posture d’agenouillistes et d’aplaventristes, s’étaient faits complices par leur silence. S’ils avaient la bouche grande ouverte, c’était uniquement pour demander si le lard et le cochon était sur la table ou autour de la table.
En 2010, lorsqu’était venu le temps de voler le droit de vote des Haïtiens, le Canada, membre du Core Group, fut le premier pays à avoir enclencher le processus. Le premier à avoir lancer cet affront à la démocratie représentative, celui qui avait initié cet accroc à une valeur canadienne fondamentale, c’était notre ministre des Affaires étrangères de l’époque, Lawrence Canon.
La Presse canadienne avait rapporté le 10 décembre 2010 que les résultats du premier tour aux élections présidentielles accordaient 31,37 % des votes à Myrlande Manigat et 22,48 % à Jude Célestin, qui devaient s’affronter au deuxième tour. Michel Martelly avec 21,84% des voix, avait été éliminé. Dans les heures qui ont suivi, les observateurs internationaux disaient avoir remarqué certaines irrégularités, mais sans conséquences sur les résultats.
Dans les jours qui ont suivi, premier à aller au batte, Lawrence Canon disait qu’il était probable que le gouvernement du Canada ne reconnaisse pas le Président élu après le deuxième tour des élections. Il disait avoir demandé à l’ambassadeur canadien en Haïti d’intervenir auprès du président sortant René Préval pour soulever les inquiétudes de son gouvernement. Lawrence Canon avait ajouté « nous voulons nous assurer que le gouvernement puisse faire la bonne chose mais nous ne proposons pas au gouvernement du président Préval de poser tel ou tel geste ». Ce jour-là, Lawrence Canon s’était lâché lousse parce qu’il était convaincu que vous étiez une grosse valise et que c’est moi qui avait la grosse poignée dans l’dos.
Le 3 février 2011, après avoir eu la confirmation de l’officialisation des résultats préfabriqués dans les officines du Core Group, satisfait, heureux, fou comme un balai, Lawrence Canon avait déclaré que « la stabilité politique ne peut être atteinte que si les Haïtiens eux-mêmes élisent de façon démocratique un gouvernement efficace, honnête et responsable. » Pourtant, Lawrence Canon avait cautionné une démarche frauduleuse qui ne pouvait que donner un gouvernement inefficace, malhonnête et irresponsable, une recette qui a alimenté et affermi l’instabilité politique.
Comme si les Haïtiennes et les Haïtiens ne s’étaient pas assez fait niaiser, le 14 mai 2011, jour de l’investiture de Michel Martelly, au lieu de prendre ça mollo, le Premier ministre du Canada Stephen Harper avait déclaré « le peuple haïtien a fait preuve de patience et de détermination et a affirmé son attachement à la démocratie et au processus électoral ». Il avait ajouté que l’élection de Michel Martelly représentait un tournant vers la stabilité et le développement à long terme. L’histoire a fini par nous démontrer que Stephen Harper avait non seulement ambitionné sur le pain béni, il l’avait beurré épais pas à peu près.
En faisant de Ariel Henry son homme de confiance, Mélanie Joly marche dans les pas de Lawrence Canon. Elle aussi, a choisi de se ranger derrière un dictateur. En domestiquant Ariel Henry, Justin Trudeau suit l’itinéraire tracé par Stephen Harper. Il dispose désormais de son propre Bandit légal.
Plus silencieuse, plus intelligente, mais moins transparente et moins centrée sur le Look-and-Feel que la précédente, cette version 2.0 du Bandit légal est montée sur un Rapid-Response System ce qui le rend très maniable et très malléable. Moins imprévisible, elle est configurée pour offrir une meilleure compatibilité avec les attentes du maître du jeu. La version 2.0 du Bandit légal offre une foule de fonctionnalités pratiques dont la possibilité pour l’utilisateur de passer des commandes à distance sans intermédiaires. Le Bandit légal 2.0 est ce qui a été fait de mieux depuis la version Ultimate-Papy-And-Son-Pro-Max utilisée de 1958 à 1986. Ain’t nothing like the real thing baby !!!
Puisqu’on a rien appris et qu’il est plus aisé de répéter les mêmes erreurs, Michel Martelly, cet ancien ami du Canada, a été sanctionné par Mélanie Joly qui lui a reproché de profiter directement du travail des gangs et d’être associé à un système de corruption. Avec un peu moins de retenue, notre ministre des Affaires étrangères aurait pu reprocher à cet autre Bandit légal, d’avoir mis en place un système de corruption et d’avoir utilisé des gangs pour protéger son pouvoir. Avec un peu moins de réserve, Mélanie Joly aurait pu reprocher à Michel Martelly d’avoir nommé ses successeurs pour maintenir en place son système de corruption, pour paralyser le système de justice et ainsi protéger les gangs qui l’ont maintenu au pouvoir et garantir sa propre impunité.
Rien de tout ça n’allait empêcher Mélanie Joly de tout faire pour légitimer Ariel Henry, pour en faire son seul interlocuteur dans la recherche d’une solution canadienne à la crise haïtienne. Le 21 janvier 2022, elle avait organisé une réunion des ministres des Affaires étrangères, une rencontre virtuelle où Ariel Henry, le premier ministre illégitime d’Haïti, était invité à prononcer le mot d’ouverture en compagnie de Justin Trudeau. Pour rester sur la voie de la complaisance malsaine, le 16 février 2023, lors d’une réunion de la Communauté et le Marché Commun des Caraïbes (CARICOM), Justin Trudeau est devenu le premier chef d’État à serrer la main et à avoir eu un tête-à-tête avec Ariel Henry.
Mais voilà que le 9 septembre 2023, après une visite de travail en Haïti, le Premier ministre de St-Vincent-et-les-Grenadines, le Dr Ralph Gonsalves, avait raconté au quotidien jamaïcain The Gleaner que les membres de la CARICOM étaient déçus de constater que Ariel Henry n’avait pas respecté les engagements qu’il avait pris lors de réunions précédentes. Le Dr Ralph Gonsalves avait conclu en disant « you must remember that the Haitian government, which currently exists, has no legitimacy other than that CARICOM and countries in the world recognise that it is the government ». En voilà au moins un qui vient de reprendre contact avec la réalité. C’est toujours ça d’pris.
S’il s’était exprimé en français, le Premier ministre de St-Vincent-et-les-Grenadines aurait dit que comme Michel Martelly en 2010, Ariel Henry, n’a aucune légitimité démocratique. Il n’est pas le représentant de son peuple. Il n’est mandaté par aucune Haïtienne, aucun Haïtien. Comme Michel Martelly, il leur a été imposé par la communauté internationale qui le maintien au pouvoir malgré son incapacité à remplir la fonction. Je ne sais plus comment Sékou Touré avait articulé sa foucade, mais j’en retiens qu’il voulait dire quand tu es plébiscité par le colon, tu seras inévitablement une catastrophe pour ton peuple. C’est surement ce principe que le Dr Ralph Gonsalves vient de comprendre. Mais, Mélanie Joly ne veut rien entendre.
Notre ministre des Affaires étrangères sait que la Résolution 2653 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 21 octobre 2022 dit « qu’il incombe en premier lieu au Gouvernement haïtien de s’attaquer aux facteurs persistants d’instabilité et d’inégalité ». Puisqu’il ne respecte pas ses engagements, puisqu’il ne fait rien pour protéger son peuple, Ariel Henry est en premier lieu, le responsable du chaos. Ceux qui, comme le gouvernement canadien, le maintiennent au pouvoir, sont imputables de l’instabilité et de des inégalités persistantes que traversent le pays.
Et tout ce beau monde qui persiste à donner leur aval à Ariel Henry, ne pourra rien contre la prochaine catastrophe. Croyez-moi, le pire s’en vient. Si vous ne me croyez pas, demandez à Sébastien Carrière.
Roromme Chantal a écrit dans Le Nouvelliste que l’ambassadeur du Canada en Haïti Sébastien Carrière, avait déclaré lors d’une émission de radio que les sanctions canadiennes contre ceux qui profitent de la violence des gangs serviraient à prévenir la répétition des manifestations populaires. J’espère que, dans votre lubie, vous n’allez pas vous mettre à croire que Sébastien Carrière voulait dire que les sanctions canadiennes ont uniquement pour objectif de protéger Ariel Henry d’un renversement par soulèvement populaire. Petit conseil, si vous le pensez, ne le dites pas.
Il y a des limites à la liberté de penser ses propres brimborions. La première limite c’est de mesurer l’impact sur votre liberté si ce que vous échafaudez dans votre tête, sort de votre bobèche. Rappelez-vous que votre toute première liberté, c’est votre droit de changer d’idée, une liberté illimitée, la seule qui n’a pas d’impact sur la liberté des autres. Dans ce cas-ci, je vous conseille de vous la fermer. Ça vous évitera bien des problèmes. Avec le temps, vous finirez par comprendre que la vérité obtient son authenticité seulement s’ils y ajoutent leur propre véridicité. Si vous mettez en pratique ces principes, personne ne vous placera sur la Black-List pour avoir osé déduire que le Canada cautionnerait et protègerait un gouvernement illégitime et incompétent en l’aidant à faire taire la rue.
Roromme Chantal a ajouté dans son analyse qu’il est de notoriété publique que Ariel Henry serait de mèche avec les gangs responsables de la cruelle brutalité que subit la population haïtienne depuis des années. S’il le sait, probablement que Mélanie Joly le sais aussi. Ce serait bien que quelqu’un lui fasse remarquer qu’elle avait sanctionné Michel Martelly pour les mêmes fautes.
Il est aussi de notoriété publique que Ariel Henry serait impliqué dans l’assassinat du président Jovenel Moïse. Si vous le savez, probablement que Justin Trudeau en sait plus que vous. C’est juste que vous avez fini par oublier que, quand vient le temps de défendre ses intérêts, la communauté internationale ne fait pas de compromis sur ses vieilles mœurs. C’est ce qui explique que tous les leaders du G-20, incluant le Premier ministre du Canada, ont accepté de faire la courbette devant Mohamed Ben Salmane, le Prince saoudien à qui ils reprochent d’avoir fait découper le journaliste Jamel Khashoggi en petits cubes.
Malgré tout ce que je viens de vous raconter, vous n’arrivez toujours pas à comprendre pourquoi Mélanie Joly et Justin Trudeau n’ont qu’un seul ami en Haïti, Ariel Henry, l’héritier du mercanti Michel Martelly.
Même si je vous avais dit que dans son rapport publié en mai 2023, le Sous-comite des droits internationaux des droits de la personne qui réunit des députés de tous les partis à Ottawa, écrivait que « le soutien, ou le soutien perçu du gouvernement du Canada à l’administration actuelle, suscitera la méfiance et pourrait constituer un obstacle important pour gagner la confiance des Haïtiens », ça ne vous aurait pas plus aider à comprendre.
Malgré tout ce que je viens de vous dire, vous ne comprenez toujours pas pourquoi le Canada, un pays fondé sur la primauté du droit, refuse de lâcher Ariel Henry, celui qui se comporte comme le parrain d’une mafia qui a pris les Haïtiennes et les Haïtiens en otage.
Moi non plus, je ne comprends pas.
Références :
Nancy Roc, Silence on viole, Rezonodwes, 14 décembre 2022
Roromme Chantal, Sébastien Carrière, Haiti et la pensée blanche, Le Nouvelliste, Haïti, 22 aout 2023
Ginette Chérubin, Le ventre pourri de la bête, Éditions de l’université d’État d’Haïti, 2013
The Gleaner, CARICOM wants greater action from Haitian government to solve crisis, Jamaïque, 9 septembre 2023.
LA SITUATION DES DROITS DE LA PERSONNE EN HAÏTI, Rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, Ali Ehsassi, président, Sous-comité des droits internationaux de la personne Sameer Zuberi, président, Mai 2023, 44e Legislature, 1re Session.
[…] l’original de l’article sur le blogue de […]