Le 18 septembre 2023, Justin Trudeau a annoncé que l’Inde aurait commandité l’assassinat du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar, à Surrey en Colombie britannique… en sol canadien. Avec un minimum d’effort, Justin Trudeau aurait pu se demander pourquoi, après avoir été jugé par la Cour suprême de son pays, Narendra Modi le Premier ministre de l’Inde, avait été déclaré, jusqu’en 2014, persona non grata au Canada, aux États-Unis et dans l’Union européenne. S’il s’était renseigné sur son homologue, le Premier ministre du Canada aurait appris à temps qu’il avait affaire à un gouvernement d’assassins qui depuis longtemps travaille à perfectionner ses techniques pour éliminer ses opposants.

Ce texte est un extrait de mon livre Ferme les yeux, ouvre la bouche, avale, paru en 2017

Temps de lecture 8 minutes 

Narendra Modi, le Premier ministre de l’Inde a été banni par l’Union européenne et était, jusqu’en 2014, persona non grata aux États-Unis et au Canada. Tous ces pays lui reprochaient sa participation à un génocide. Même si la Cour suprême de son pays l’avait blanchi, les Occidentaux considéraient que son acquittement était le résultat d’une mascarade et ils avaient maintenu leurs sanctions. Mais, à partir de 2014, tous les leaders occidentaux voulaient prendre le thé dans le même calice que Narendra Modi. Je vais vous révéler les 5 mots qu’il a utilisés pour amener le Monde libre à sa table et à ses pieds.

En 2002, dans la province du Gujarat, des Hindous avaient planifié et lancé des attaques contre des Musulmans. Résultat des affrontements, plusieurs centaines de Musulmans avaient perdu la vie. Narendra Modi qui venait d’être élu Premier ministre de cette province est un fervent Hindou. Il avait été accusé par des organisations nationales et internationales d’avoir fermé les yeux aussi longtemps qu’il le pouvait et d’avoir tenu des propos qui auraient encouragé la violence.

Rien pour magnifier sa réputation, des organisations de la société civile ont avancé que Narendra Modi avait délibérément mis trop de temps à condamner une campagne de conversions forcées à l’hindouisme. Mais, en mai 2014, les résultats d’une élection nationale ont radicalement changé le destin politique de Narendra Modi.

Pour la première fois en 30 ans, en Inde, un parti avait obtenu une majorité absolue. De plus, le taux de participation à ces élections était de 66 % soit le plus élevé depuis l’indépendance du pays. Clairement, le gagnant de l’élection venait d’obtenir une indémontable légitimité.

Ces élections historiques avaient été remportées par le Bharatiya Janata Party (BJP), un parti politique qui est réputé pour l’utilisation de tactiques identitaires pour isoler les minorités religieuses. Vous avez tout compris. Et oui, le chef du BJP n’était nul autre que Narendra Modi.

Le nouveau Premier ministre de l’Inde, devenu incontournable, n’avait plus qu’à radoter les 5 mots qui composent le classique baratin que crachent tous les indésirables pour devenir fréquentables. Récités avec passion et conviction, ces 5 mots effacent sans laisser de tâches tous les péchés du monde.

Aucune autre expression ne peut vous permettre d’obtenir plus rapidement la rédemption. Limitez-vous à ces 5 mots et aussi vil que vous soyez, aussi débiles que soient vos comportements, vous obtiendrez, illico, la bénédiction inconditionnelle du concile.

Narendra Modi avait dit : India is open for business.

Et là, comme par archimagie, au moment où Narendra Modi ne s’y attendait pas… Pafff !!! Le Monde libre a sorti ses habituels rablabas et lui a brodé une baraka. Puisqu’il a prononcé ces 5 mots dans l’ordre, Narendra Modi a provoqué la grande procession et tous les resquilleurs se sont précipités à ses pieds.

En septembre 2014, sorti du purgatoire, celui à qui les Américains avaient refusé un visa pendant plus de 10 ans, a été reçu à Washington et a séjourné au Blair House, la résidence des invités de marque. À Wall Street, Narendra Modi a été reçu à bras ouverts par le milieu de la finance. Après un discours à l’ONU, comme un Gourou, il a été acclamé au Madison Square Garden par plus de 18 000 Hindous.

Comme si ce n’était pas assez, quatre mois plus tard, le 26 janvier 2015, précédé de John Kerry et des secrétaires d’État au commerce et à la défense, Barack Obama, ce brodeur affamé, qui ne faisait pas dans la dentelle, incapable de supporter l’absence prolongée de son nouvel ami, s’était précipité à New Delhi pour aller le serrer dans ses bras et quêter des contrats.

Narendra Modi avait promis à son ami Barack que l’Inde deviendrait, pour son pays, un partenaire commercial d’égale importance à la Chine. Ce n’est pas rien !

Pour démontrer son sérieux, Narendra Modi avait promis de faire passer les échanges commerciaux entre les deux pays de 100 à 500 milliards de dollars par an. Déterminé à plaire, sincère malgré ses travers, il a demandé à la compagnie Boeing de lui livrer 37 hélicoptères militaires. Avec cette petite commande et pour avoir fait le nécessaire, Barack Obama a ajouté 2,5 milliards de dollars à son chiffre d’affaires.

En France, le 10 avril 2015, Narendra Modi a été accueilli dans La Cour des Invalides avec des honneurs militaires. Question de resserrer les liens entre deux complices en devenir et de rattraper le temps perdu, François Hollande a accompagné son nouvel ami dans une croisière sur La Seine. Cette mascarade hideusement théâtralisée avait pour objectif de le convaincre qu’il avait besoin de 126 avions de combat Rafale.

Le Président français qui venait de vendre ses avions de guerre à l’Arabie saoudite et qui, par la suite, avait conclu des ventes avec le Koweït, le Qatar et l’Égypte, avait démontré, une fois de plus, qu’il n’était pas un adepte de la morale et de l’éthique. Quand il s’agissait de faire rouler la business, le droit de vote, les droits des femmes, la décapitation, la lapidation et la flagellation étaient, pour François, de légers détails de l’histoire.

Cependant, de temps en temps, il lui prenait cette irrésistible envie d’ébahir pour abrutir. Quand François sentait ce vilain besoin d’éblouir pour abêtir, il lui arrivait de déclarer avec éloquence et gravité dans la voix que ce n’est pas parce que son pays fabrique et exporte des armes que lui, son Premier ministre et les membres de son Gouvernement, auraient abandonné leurs principes.

Entre parenthèses et pour éviter toute malencontreuse interprétation, il est impératif de préciser que les principes dont parlait l’ami François, sont le respect des droits humains et la démocratie. Passons !

Jusque-là, Narendra Modi n’avait commis qu’une seule erreur, heureusement sans conséquences. Pour réaliser sa promesse électorale de création d’emploi dans un pays où, chaque année, plus de 11 millions de personnes entrent sur le marché du travail, il avait exigé que 108 des 126 avions que François avait décidé qu’il avait besoin, soient fabriqués en Inde.

François, un autre grand-mangeur qui a toujours été confortable avec les vulgaires quémandeurs, les claquedents, les empaillés, les petits-grandgoûts et les têtes de bobèche à la vision atrophiée, avait subitement réalisé que, dans les faits, son arrogant invité, qui se prenait pour un visionnaire révolutionnaire, avait dit :

India Is Open for Business… If made in India with Indian content by Indian Talent.

Plus que de la pédanterie, plus qu’une maladresse, Narendra Modi avait drôlement déconné. Il avait allongé 15 mots. C’est 3 fois la limite permise. Voilà une impertinence qui aurait pu faire basculer le désordre établi. Imaginez que Narendra Modi avec ces âneries, voulait que l’Inde sorte gagnante dans ses échanges commerciaux. N’importe quoi !

Heureusement, l’ami François avait calmement et gentiment rappelé à Narendra Modi qu’en quêtant le transfert de compétences et de technologie, il risquait de perdre sa Carte chouchou et de redevenir un génocidaire insupportable, une répugnante honte pour la Communauté internationale et une autre inqualifiable fripouille avec un billet pour un vol direct vers la Cour pénale internationale (CPI).

Heureusement, Narendra Modi avait rapidement compris et en guise de remerciement pour ce précieux conseil, en 2016, il a fourré 8 milliards de dollars dans les poches de François pour 36 avions Rafale fabriqués en France. Au passage, il a pris quelques avions Airbus au cas où l’ami François serait tenté de faire le con.

Et là, comme par archimagie, au moment où François ne s’y attendait pas… Pafff !!! La balance commerciale de la France avec l’Inde, qui était déficitaire depuis 2008, a soudainement basculé vers des excédents. François qui n’espérait pas tant d’abondance, n’a pas pu s’empêcher de faire la bombe.

Pour tenter de se relever de la couillonnade, Le nouvel ami de François était allé compléter ses emplettes au Canada. À son arrivée, Stephen Harper qui, à l’époque, dirigeait ce pays, avait dit à Narendra Modi qu’il était entouré d’amis. Ça tombe bien !

Le Premier ministre de l’Inde avait compris que c’est seulement à un ami qu’il pouvait demander tout l’uranium dont il avait besoin pour réaliser son programme nucléaire. Au nom de cette amitié, l’Ex-premier ministre du Canada n’avait pas jugé nécessaire de lui rappeler que ce métal lourd était réservé aux acolytes sans tâches et aux subalternes sans reproches. S’il ne l’avait pas fait, c’est parce qu’il savait qu’il avait devant lui, un ami fiable qui dirigera, pour longtemps encore, le pays qui sera bientôt la 4e puissance économique de la planète.

Et là, comme par archimagie, au moment où Narendra Modi ne s’y attendait pas… Pafff !!! Entre deux bisous et trois câlins, Stephen Harper, a fait une affectueuse exception à la règle. Il lui a vendu 3 000 tonnes d’uranium.

Pendant ce temps, des organisations musulmanes, chrétiennes et sikhes demandaient au Ministre de la justice du Canada d’intenter des poursuites pour crimes contre l’humanité contre le nouvel ami de Stephen Harper. Pour leur fermer les yeux, Stephen Harper avait, pour les circonstances, créé une phrase de 6 mots d’apparence anodine mais combien précieuse.

Devant les journalistes, Stephen Harper avait dit « l’Inde est une démocratie très forte ». En glissant « démocratie » comme mot-clé au centre de sa phrase, Stephen Harper avait forcé les représentants des organisations de la société civile à fermer les yeux sur ses âneries lucratives et à ouvrir la bouche pour avaler ses grotesques inepties.

Et là, comme par archimagie, au moment où personne ne s’y attendait… Pafff !!! Les manifestants avaient depuis longtemps plié leurs pancartes et leurs sales gueules et ils étaient sagement rentrés à la maison.

Après avoir dépensé toutes leurs énergies à s’époumoner, à pleurnicher, à chialer et à brailler, les manifestants avaient finalement réalisé que 3 mots suffisent pour expliquer l’attitude de Stephen Harper, de Barack Obama et de l’ami François.

Le concile des Leaders du Monde libre se limite à ces 3 mots pour s’envoyer plein le lampion. Récités froidement, ils donnent automatiquement l’absolution. Prononcés dans l’ordre par les resquilleurs, ils offrent le confort de l’indifférence.

Avec ces 3 mots, Stephen Harper, Barack Obama et François Hollande avaient démontré qu’ils n’avaient rien à cirer des hommes pendus, des enfants égorgés et des femmes voilées violées sur la place publique.

Stephen Harper, Barack Obama et François Hollande, avant leur retraite, vous avaient récité avec passion et conviction, ces 3 mots qui effacent, sans laisser de tâches, leur avarice, leur gourmandise et tous les péchés immondes.

Et là, comme par archimagie, au moment où vous ne vous y attendez pas… Pafff!!! Vous venez de comprendre que pour ces apôtres de l’économie de marché, ces 3 mots suffisent pour vous faire apprécier celui qu’hier ils qualifiaient de vermine et de crapule.

Business as Usual !

Citation suggérée : Frédéric Boisrond, Ferme les yeux, ouvre la bouche, avale, (PP : 21-26), Solutions Feed-Back Actif, Numéro ISBN : 978-2-9814923-2-6, Dépôt Légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque nationale du Canada, Laval, mai 2017.

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