Le score obtenu pas le Parti québécois aux dernières élections, est le résultat d’une totale déroute sur la question de l’identité et d’une rupture du PQ avec ce qui constitue sa raison-d’être; la souveraineté du Québec.

De toute évidence, aux élections du 1er octobre 2018, Jean-François Lisée avait oublié que dans le programme de son parti, il est inscrit que « le PQ a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec ». Mais voilà que pendant toute la durée de la campagne, à aucun moment, il n’a été question de souveraineté. Le PQ s’est tellement éloigné de son ADN que même ses adversaires n’ont pas jugé utile de soulever le débat autour de l’indépendance. Ça et seulement ça, devait être un indicateur de la débâcle. Le PQ ne constituait pas une menace parce que Jean-François Lisée en avait fait une bibite sans colonne et sans entrailles.

L’Article 1.1 du programme électoral dit que « le Parti Québécois a pour objectif politique de mener le peuple québécois à sa liberté pleine et entière par l’accession à l’indépendance ». Jean-François Lisée, par sa fuite en silence, a opté pour les vieilles stratégies de l’étapisme, des conditions gagnantes, de la mise en veilleuse et de l’habituel tralala pour exiger sans le demander, la faveur de former un bon gouvernement.

Pendant ce temps, Québec solidaire promettait de mettre en place, dès son premier mandat, une assemblée représentative pour rédiger une Constitution. Le prochain référendum aurait donc porté sur cette loi fondamentale. Et devinez quoi? Dans son programme électoral de 2018, le PQ promettait aussi de consulter la population sur la rédaction d’une Constitution. Un texte, disait-on, qui inclurait des dispositions de la Charte de la langue française et de la Charte des droits et libertés de la personne. En avez-vous entendu parler? Bien sûr que non!

Par ailleurs, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui est le seul à croire qu’on peut expulser sans déporter, a pris un détour pour parler d’identité sans jamais prononcer ce mot à maudire. Dans sa pataugeoire, passant de la brasse au crawl, celui qui veut forcer les immigrants à passer un test sur les valeurs québécoises, n’a jamais identifié une seule valeur québécoise. Et pourquoi donc?

Parce que c’est de l’égalité homme-femme et de la laïcité de l’État dont il s’agit. Rien d’autre. Mais voilà que c’est ce qui était au cœur de la Charte des valeurs, un projet qui avait coulé le gouvernement péquiste de Pauline Marois. Jean-François Lisée devait absolument s’en dissocier et il le pouvait. Pour ce faire, son parti avait mis dans sa plateforme, une alternative crédible. Il ne l’a pas saisie.

Le PQ proposait que toute personne candidate à l’immigration soit évaluée par des fonctionnaires qualifiés, pour notamment s’assurer qu’elle s’engage à respecter nos valeurs sociales. Jean-François Lisée avait donc dans son jeu, une formule moins méprisante, moins brutale et surtout plus humaine que celle de François Legault.

Le 1er novembre 2017, au cours d’une cérémonie à la mémoire de René Lévesque, Jean-François Lisée avait déclaré qu’il était demeuré fidèle aux valeurs et aux convictions du fondateur du Parti québécois. Il avait ajouté qu’il était là pour compléter ce que René Levesque avait initié.

Contrairement à Jean-François Lisée, René Levesque n’avait pas peur de prendre position sur la souveraineté quitte à tout perdre. Sur l’immigration et l’identité, il avait demandé plus de pouvoirs pour répondre aux besoins d’une société qui devient compétente. Seulement, disait-il, c’est la peur qui l’a remporté. Cette peur, c’est la peur de l’autre. C’est aussi cette même peur qui l’a remporté une fois de plus.