Entre le moment où il est arrivé au pouvoir et son assassinat en juillet 2021, plusieurs organisations de la société civile avaient demandé à Jovenel Moise de déclencher une enquête sur la dilapidation du Fonds PetroCaribe. S’il avait dit non, c’est parce qu’il avait lui aussi, pigé dans le bol à bonbons. en 2019, un rapport de la Cour supérieure des comptes avait révélé que des entreprises de Jovenel Moise avait bénéficié de la fraude entourant ce fonds.
Mais, qu’est-ce que le Fonds PetroCaribe, d’où venait cette somme, à quoi devait-elle servir, qui a gaspillé ce fonds, qui en a bénéficié, quand et comment devait-il être repayé ? Toutes les réponses à vos questions se trouvent dans ce texte que j’avais publié pour la première fois en juillet 2017.
En avril 2001, Hugo Chavez, le Président du Venezuela, a débarqué à Québec en grande pompe. Il était en mission. Il était venu empoisonner la vie de Bill Clinton. Le Président américain avait un ambitieux projet pour le continent. Si Hugo Chavez était venu jouer au plus fort la poche, c’est parce qu’il avait une alternative bien assemblée, bien huilée, prête à carburer, à mettre sur la table. PetroCaribe ne pouvait être autre chose qu’un fantastique moteur de développement dont Haïti serait le principal bénéficiaire. Mais, sans surprise, la machine s’est enrayée… en Haïti.
En décembre 1994, à Miami, lors du premier Sommet des Amérique, Bill Clinton avait proposé la création de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). La démocratie était une condition non-négociable. Cuba, dirigé par Fidel Castro, sous embargo américain, était le seul exclu. Le deuxième sommet avait lieu en avril 1998 au Chili, soit quelques mois avant l’élection de Hugo Chavez.
Devenu Président du Venezuela le 2 février 1999, Hugo Chavez s’était présenté à Québec pour le troisième Sommet des Amériques. Il n’avait pas encore mis les pieds dans la ville qu’il avait exigé l’intégration de Cuba dans la ZLEA. Si les Américains ont dit non, c’est parce que cela aurait signifié la levée automatique et sans conditions de leur embargo. Libre à vous de croire que Hugo Chavez ne pouvait souhaiter une meilleure réponse.
Au quatrième Sommet des Amérique qui avait eu lieu en décembre 2005 à Mar Del Plata (Argentine), Hugo Chavez avait convaincu les gens du Sud qu’avec la ZLEA, les Américains, dès la mise au jeu, feraient une feinte à gauche, entreraient par le centre avant de déployer leur attaque massive sur l’aile droite. Dans un rapide jeu de transition, ils utiliseraient leur jeu de puissance pour aller s’installer dans la zone offensive d’où ils finiraient par contrôler le territoire. C’est ainsi que Hugo Chavez avait réussi à mettre tout le monde sur la défensive.
Malheureusement pour Bill Clinton, Hugo Chavez avait fini par convaincre trop de monde que la ZLEA serait un rappel de ce qu’ils avaient subi hier, un petit quelque chose que jadis, l’autre appelait la Doctrine Monroe. Persuadé que les Américains voulaient faire main basse sur le continent, le Président du Venezuela, avait déclaré que Mar Del Plata serait le tombeau de la ZLEA. Mission accomplie!
Autre atout dans le jeu de Hugo Chavez, entre le premier et le quatrième Sommet des Amériques, les citoyennes et citoyens de plusieurs pays d’Amérique latine dont le Brésil, l’Argentine et la Bolivie, avaient confié le pouvoir à des socialistes. Même s’il y a eu 8 sommets à ce jour, dont le dernier a Lima (Pérou) en avril 2018, depuis le sommet de Québec, si vous n’avez plus jamais entendu parler de la ZLEA, c’est parce qu’elle a effectivement fait patate.
Pendant ce temps, avec l’envoi de médecins, d’ingénieurs et de travailleurs spécialisés, entre autres, en Haïti, en République Dominicaine et à la Grenade, Fidel Castro avait, depuis belle lurette, enclenché l’exportation de sa révolution socialiste dans la région. Au fond, il a, avec son opération charme-utilité, ajouté du carburant pour accélérer le virage à gauche en Amérique latine.
En Hugo Chavez, Fidel Castro avait trouvé son héritier idéologique, le fils spirituel qu’il n’attendait plus. Hugo Chavez était un Socialiste pur et dur, mais un Socialiste qui avait les moyens de ses ambitions. Il était à la tête d’un pays riche. Pour neutraliser une fois pour toute la Zone de libre-échange des Amériques, Fidel Castro, l’idéologue et Hugo Chavez, le grand argentier, ont déployé leur alternative à la ZLEA; L’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA).
L’ALBA est une organisation qui avait pour mission de créer une zone de coopération économique qui ciblerait tous les pays du continent. Le Canada, les États-Unis et le Mexique (ALENA) n’étaient pas invités. Ne vous faites surtout pas d’illusion. La ALBA n’est pas une autre de ces patentes pour les grands gueulards de la gaugauche contrariée. Oh non. Loin de là!
L’ALBA, ce n’est pas de l’aide internationale. C’est de la «grosse-business». Ce n’est pas de la charité. C’est du commerce international. Ce n’est pas l’aumône. C’est ce que hier, au centre, on appelait, le Capitalisme à visage humain. Hugo Chavez, plus jeune et moins fatigué que Fidel Castro mais tout aussi charismatique, avait pris le leadership du mouvement.
L’ALBA devait permettre au Venezuela et à Cuba de trouver des partenaires économiques. Pour y parvenir, il fallait aider d’autres pays à développer leur potentiel de commercialisation. Aujourd’hui, ça s’appelle le «Trade Capacity Building». Hier, un peu plus au Nord, après la Deuxième Guerre mondiale, ils appelaient ça le Plan Marshall.
Quand Hugo Chavez est devenu Président du Venezuela, il a hérité de 302 milliards barils de pétrole, soit la plus importante réserve au monde. L’ALBA devait permettre à son pays de tirer le maximum de ses réserves en offrant à ses clients, des avantages inégalables pour ainsi vendre en quantité dans un cycle où les prix étaient très élevés.
Grâce à la manne pétrolière, entre 1999 et 2011, au Venezuela, la mortalité infantile était passée de 19,15% à 13,95%. L’espérance de vie avait augmentée de 2 ans. C’est tout simplement phénoménal. Selon les données de la Banque mondiale, le revenu per capita qui, en 2004, était de 3 060$ a été catapulté en 2012, à 12 460$. Du jamais vu! Le Venezuela était devenu tellement riche, qu’il pouvait se permettre de vendre son pétrole à crédit, du crédit à très long terme.
Le PetroCaribe Cooperation Agreement est la pièce maîtresse de l’ALBA. Au plus fort du programme, 18 pays avaient signé l’accord. Mis en place le 29 juin 2005, le PetroCaribe Cooperation Agreement est le résultat d’une agressive stratégie de développement de marché pour écouler les produits pétroliers vénézuéliens. Cet accord avait fait du Venezuela, au grand désarroi des pétrolières américaines, le premier exportateur de pétrole du continent.
Mécontentes, les pétrolières américaines, dont Exxon Mobil et Chevron, avaient vu dans cette stratégie une concurrence déloyale. Quand, en 2008, elles ont pompé 2,4 millions de dollars dans la campagne électorale de Barack Obama, elles s’attendaient en retour à ce qu’il ait le courage d’étrangler l’économie du Venezuela. Pour ne rien laisser au hasard, elles ont allongé 902 000$ à l’équipe de campagne de John McCain. Elles n’ont pas pris de risques.
Le principal avantage pour les clients de PetroCaribe, c’est la transformation d’une partie de la facture en une dette à long terme à taux préférentiel. Pour le Venezuela qui est en moyens, cette démarche permettait de fidéliser sa clientèle quitte à reporter les revenus de l’État.
Sauf que pour développer cette zone de coopération économique, pour donner un peu d’air à Cuba, des règles strictes sur l’utilisation des fonds accumulés dans la dette à long terme, ont été imposées aux clients. Mais ça, c’était trop demander aux dirigeants haïtiens.
En 2005, lorsque le PetroCaribe Cooperation Agreement a été lancé, Haïti en était exclu parce qu’après un autre coup d’État contre Jean-Bertrand Aristide, le pays était dirigé par le gouvernement provisoire et illégitime d’Alexandre Boniface. Le scrutin de 2006 a permis le retour à un autre semblant de démocratie représentative par l’élection de René Préval.
Le 14 mai 2006, René Préval a quitté le balcon du Palais national d’où venait de se dérouler la cérémonie d’assermentation pour son deuxième et dernier mandat. Dans son bureau, il était attendu par le Vice-Président du Venezuela, José Vicente Rangel, pour signer l’adhésion d’Haïti au PetroCaribe Cooperation Agreement.
Condition inscrite dans l’accord, les transactions doivent passer par une agence de l’État. Depuis ce jour, c’est le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD) qui achète les produits vénézuéliens et qui les revend aux entreprises privées. Ces dernières ont 30 jours pour acquitter la totalité de leurs factures auprès de la BMPAD.
Le BMPAD a 90 jours pour payer 40% de la facture aux Vénézuéliens. Le solde, soit 60% de la facture, constitue une dette à long terme payable sur 25 ans à un taux de 1%. Avec l’argent accumulé, le BMPAD a l’obligation de créer un fonds de développement. C’est ça le Fonds PetroCaribe… un fonds de développement.
Est-ce que je vous ai dit que PetroCaribe est un fonds de développement? D’accord! Je voulais juste m’en assurer.
Le Fonds PetroCaribe n’est pas une fantaisie. C’est une condition imposée par l’ALBA, à tous les pays qui participent au PetroCaribe Cooperation Agreement. Je comprends votre déception. Vous croyiez que le Fonds PetroCaribe était le résultat d’un autre coup de génie des dirigeants haïtiens. Mais non! Retenez votre déception et vos frustrations. Vous allez en avoir besoin dans un autre tantôt.
Par obligation contractuelle, Haïti, comme tous les autres pays, s’était engagé à faire de son Fonds PetroCaribe, un levier de développement qui vise en priorité, la réduction de la faim et de la pauvreté. Il est clairement inscrit dans le PetroCaribe Cooperation Agreement que les Fonds PetroCaribe doivent permettre aux pays membres de financer des coopératives de travailleurs, des petites et des moyennes entreprises qui présentent des projets pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Au-delà des valeurs socialistes, ce qu’il faut voir dans cette obligation, c’est le développement d’une industrie agroalimentaire.
À cela, il faut ajouter que les signataires du PetroCaribe Cooperation Agreement savaient parfaitement qu’il s’agit d’un projet d’enrichissement collectif et de coopération économique. Ils savaient qu’il y aurait de nouvelles connexions aériennes et de nombreuses infrastructures pour faciliter la transformation et la libre circulation des marchandises entre les pays membres.
Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que du groupe de 18 signataires du PetroCaribe Cooperation Agreement, Haïti faisait figure d’enfant pauvre et de canard boiteux. Tous les signataires savaient qu’aucun pays de la région n’avait plus besoin de PetroCaribe qu’Haïti. Aucun pays n’avait plus besoin de relever le niveau de vie de ses habitants qu’Haïti. Aucun.
Les Bahamas avec 22 312 US$ étaient les champions pour le revenu per capita. Haïti fermait la marche avec des revenus de 819 US$. Incluant Haïti, c’est 12,4% de la population totale des pays membres de PetroCaribe qui souffrait de malnutrition. Haïti, pris isolément, affichait un taux de 51,8%. Haïti avait tout à gagner.
Tout a été mis en place pour permettre aux Haïtiennes et aux Haïtiens de sortir de la misère et de la pauvreté. Mais, ce pays a tout perdu. Haïti a raté le rendez-vous le plus important de son histoire contemporaine… Un rendez-vous avec le développement. Le destin a voulu que ce pays soit, une fois de plus, dirigé par des cancres avaricieux.
Des dirigeants haïtiens ont fait basculer cette formidable opportunité de développement qui devait donner à Haïti une relative indépendance face à l’aide internationale. Confortables dans le court-termisme, ils ont fait fi d’une clause capitale du PetroCaribe Cooperation Agreement. C’est le non-respect de cette clause qui a causé le dérapage.
En faisant semblant de ne pas savoir ce qui était évident, les dirigeants haïtiens ont confirmé leur amateurisme, leur mépris pour leurs concitoyennes et leurs concitoyens et leur incapacité de résister à la tentation de faire la poloche pour pouvoir s’en mettre plein la patoche, la valoche et la popoche.
Je refuse de croire que les dirigeants haïtiens ne savaient pas que la répartition de la dette (court terme; 40% et long terme; 60%) sur les achats d’asphalte, de mazout, de diesel, de gazoline et de kérosène, changerait du tout au tout quand le prix du baril de pétrole passerait sous la barre de 40$. Ils avaient l’obligation de savoir ce qu’ils ne pouvaient même pas faire semblant de ne pas voir.
Cette clause clairement inscrite dans le PetroCaribe Cooperation Agreement dit que lorsque le prix tombe sous 40$ le baril, le taux d’intérêt monte à 2% et le terme est ramené à 17 ans. De plus, et c’est ça qui est le plus dommageable, la proportion qui doit être payée en 90 jours pouvait se hisser jusqu’à 95%. N’importe quel crétin qui aurait coulé son cours sur la Gestion des risques se serait empressé pour proposer des modalités afin de contrer les risques financiers associés au non-respect de cette clause.
Edward Murphy vous avait appris que tout ce qui peut aller mal finira par mal aller au moment où ça peut vous faire le plus mal. Comme de fait, à partir de septembre 2014, le prix du baril de pétrole, après avoir passé 40 mois au-dessus de 100$, a débuté une chute vertigineuse qui l’a amené, en février 2016, à un prix aussi bas que 32,69$. Comme prévu dans l’Accord, entre 30$ et 39,99$ le baril, le BMPAD devait payer 75% de ses factures en 90 jours. Donc, il ne lui restait que 25% à placer dans le Fonds PetroCaribe.
Concrètement… Lorsque la BMPAD achetait 10 000 unités et que le baril était à 100$, sur une facture de 1 million de dollars, c’est 600 000$ qui pouvaient être placé dans le Fonds PetroCaribe. Quand le prix a chuté à 32,69$ le baril, la facture pour la même quantité étant de 326 900$ et puisque la proportion à mettre dans le Fonds PetroCaribe passait à 25%, la nouvelle rentrée d’argent était de 81 725 $.
Maintenant, imaginez le drame auquel serait confronté le pays si la quasi-totalité des fonds accumulés, avait été dépensée. Vous pouvez arrêter d’imaginer. C’est exactement ce qui est arrivé. Vous pouvez arrêter de chercher. Vous venez de trouver le cœur du scandale PetroCaribe.
Le Fonds PetroCaribe a été utilisé comme s’il s’agissait d’un Ponzi, le type de caisse d’entraide connu en créole sous les appellations de Men ou Sòl. Comme il est coutume dans ces montages frauduleux, les dirigeants haïtiens ont pigé dans le fonds tout en étant convaincus qu’il y aurait toujours des nouvelles rentrées d’argent. À leur compréhension, la source serait intarissable. Oui mais… Pour que leur Ponzi fonctionne, il aurait fallu que le prix du baril de pétrole soit stable, ou mieux encore, qu’il soit en hausse constante.
J’en veux pour preuve que, le 31 mars 2016, Haïti avait, envers le Venezuela, une dette accumulée de 1,8 milliards de dollars. Mais, il y avait dans les coffres du Fonds PetroCaribe la modique somme de 13,4 millions de dollars. Vous ne serez pas étonnés si je vous annonce que ce pactole était insuffisant pour faire des versements sur la dette.
Pour cause, de juillet 2015 à janvier 2016, Haïti était incapable de faire un seul versement sur sa dette à long terme. Donc, Haïti s’est mis à acheter à crédit, d’un pays qui ne demandait pas mieux que de vendre à crédit. C’est ainsi que des dirigeants haïtiens, avec leurs tactiques mafieuses, ont fait du programme qui devait sortir les Haïtiennes et les Haïtiens de la pauvreté, celui qui pourrait les enfoncer dans l’extrême-pauvreté.
Dans un premier temps, le gouvernement de René Préval avait accumulé une dette à long terme de 295 millions de dollars. Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, Hugo Chavez avait autorisé l’effacement de cette dette. Au-delà des malversations qui aurait pu être faites sous le régime de René Préval, Haïti s’était replacé à la case départ. Notez cependant qu’après ce séisme, René Préval est resté au pouvoir pendant 14 mois et qu’il a continué à accumuler des dettes et à dépenser sans compter.
Et puis, le 14 mai 2011, Haïti s’est fait imposer un leader incompétent, mal préparé, évaporé, grotesque et inconséquent qui ne se distingue que par sa vision étroite et de très courte portée. Michel Martelly, le Président illégitime d’Haïti, était avant tout l’architecte de la stratégie du Kité konpa maché, une méthode de gestion basée sur l’improvisation, le laisser-faire, la gestion sans plan, le vol à vue… Non, non, non. Ce n’est pas ce que j’ai dit. Pour moi, un vol à vue c’est comme piloter un avion sans trop savoir où on va. Mais bon! Vous avez le droit de penser ce que vous voulez. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’veux pas d’troubles!
Anyway! J’ai déjà trop parlé. Tant qu’à faire… Awoye donc! Nou lan mal, nou lan mal nèt!!!
Le vol à vue, tant dans sa définition littéraire que littéral, a été confirmé par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. Dans son rapport pour l’exercice 2014-2015, l’instance qui est chargée du contrôle administratif et juridictionnel des recettes et des dépenses de l’État, avait rappelé que le Fonds PetroCaribe constituaient «un prêt bilatéral, obtenu à un taux préférentiel, et qui invite, ou plutôt devrait inviter, à la prudence quant à sa gestion».
Si la Cour des comptes avait fait cette mise en garde c’est parce qu’elle avait constaté, qu’au cours de cette même année fiscale, le gouvernement de Michel Martelly avait, à deux reprises, puisé dans le Fonds PetroCaribe pour financer des projets non prévus dans le budget, pour s’acquitter d’obligations non-justifiées ou encore, pour dégager des crédits dont les affectations étaient imprécises. Si ce n’était que ça!
À la page 82 du rapport de 2014-2015, la Cour des comptes affirme que tout pouvait porter à croire que les Fonds PetroCaribe avaient été utilisés comme un petit budget dans le budget national pour exécuter les priorités du Président et de son gouvernement. La Cour des comptes, qui elle aussi ne veut pas de trouble, n’a pas osé dire le Fonds PetroCaribe avait été utilisé comme s’il s’agissait de la caisse privée du Président. La Cour des comptes n’a pas voulu dire que Michel Martelly faisait ce qu’il voulait dans ce pays. Voilà le problème de ce pays!
Quand on regarde la liste des projets répertoriés par la Cour des comptes, on constate que plus de 90% des fonds a été dépensé dans des projets d’infrastructures. À moins que j’aie la berlue, Il me semble que je vous ai dit, redit et répété que le Fonds PetroCaribe est, par obligation contractuelle, un fonds de développement… de développement d’une industrie agroalimentaire. C’est bien ce que vous aviez compris? D’accord. Je voulais juste m’en assurer.
Maintenant, attachez-vous. Ça va fesser dans le dash!
Pendant que Michel Martelly dépensait à qui mieux-mieux dans de l’asphalte, du béton, de la brique et du mortier, les dirigeants de la Jamaïque, du Belize et de la Guyane qui avaient compris que le Fonds PetroCaribe est un prêt pour le développement qui doit être remboursé, ont réussi à tirer le maximum de profit du PetroCaribe Cooperation Agreement sans mettre leur pays dans le trou.
Pendant que Michel Martelly installait des lampadaires… En Jamaïque, le Président Bruce Golding, qui avait surement réussi son cours de Gestion des risques, déclarait que les réserves générées par PetroCaribe représentaient un prêt consenti par le Venezuela et que ces sommes faisaient partie de la dette nationale. Il avait demandé que l’argent soit placé pour générer des revenus d’intérêts. C’est à partir des intérêts qu’ont été financés les projets retenus dans le cadre du National Development Plan of Jamaica.
Pendant que Michel Martelly dépensait 15 449 903$ pour construire le viaduc Delmas/Nazon… Au Belize, le gouvernement, à partir de ses réserves PetroCaribe, avait injecté 9,95 millions de dollars dans la création d’une banque populaire. Le National Bank of Belize, a permis de financer des micro-projets dans le domaine agroalimentaire avec pour objectif d’augmenter l’offre de produits locaux afin de réduire la pauvreté. Comme par hasard, les exportations de produits agroalimentaires sont passées de 322,23 millions de dollars en 2010 à 513,65 millions de dollars en 2013.
Pendant que Michel Martelly dépensait 8,2 millions pour son programme d’infrastructures sportives… En Guyane, avec leurs réserves PetroCaribe, le gouvernement a acheté du Venezuela, plus de 20,000 tonnes d’urée. Ce fertilisant à base de pétrole, a été distribué aux riziculteurs. Cette stratégie a permis d’augmenter la quantité de riz disponible sur le marché national au point où la Guyane est devenue un pays exportateur de riz. Et c’est là que ça va vous faire le plus mal.
Chaque année, la Guyane repaye une partie de sa dette au Venezuela, en lui versant 210 000 tonnes de riz. En créole le principe derrière cette stratégie qui respecte au pied de la lettre tous les objectifs du PetroCaribe Cooperation Agreement, s’appelle; «Se grès kochon’an ki kwit kochon’an».
Pendant ce temps en Haïti… Laurent Lamothe, qui était Premier ministre sous le régime de Michel Martelly, faisait la vanesse. Confiant de son bilan, il se gargarisait à raconter son exploit qui se résume à la construction de 25 stades. Il était convaincu, le pauvre, que jouer au football réduirait la pauvreté et la faim. Personne n’avait jugé bon de lui rentrer dans le sinoquet que faire du sport creuse l’appétit.
Pendant ce temps en Haïti… L’argent du Fonds PetroCaribe a été gaspillé dans la réalisation de projets électoralistes, cosmétiques et insignifiants. Ça, c’est sans compter que le clan de Michel Martelly avait pris soin de mettre ces sommes à la portée des fraudeurs, des corrompus et des poches profondes des «Petits-amis» de son régime… ces affameurs sans scrupule.
Imaginez si Haïti avait adopté la même stratégie que la Jamaïque. Les pillards et les vauriens, les siphonneux et les malandrins auraient pu s’en mettre plein la calebasse à partir des intérêts ou d’autres Retours sur investissements (ROI) sans toucher au capital, sans endetter la prochaine génération de citoyennes et de citoyens du pays le plus pauvre de l’hémisphère Nord.
Imaginez l’impact de la stratégie adoptée par le Belize sur un pays dont le taux de chômage dépasse 60%. Imaginez ce que ça aurait changé dans la vie de ses 2,5 millions de personnes qui continuent à vivre sous le seuil de la pauvreté et qui s’apprêtent demain, à faire connaissance avec l’extrême-pauvreté.
Imaginez l’impact de la stratégie adoptée par la Guyane sur un pays dont 51,8% de la population ne mange pas à sa faim, un pays où le riz représente 30% du panier de provision des familles.
Quand tout allait mal au Venezuela, quand les pétrolières américaines avaient fini par remporter leur bataille, après la généreuse contribution du Président Nicolas Maduro dans la mise en faillite de son pays, il avait proposé au gouvernement de Michel Martelly de rembourser une partie de sa dette, avec des denrées alimentaires.
Cette demande n’était ni farfelue, encore moins improvisée. Si cette demande a été faite par Nicolas Maduro, c’est parce que logiquement, à ce stade-là de la mise en place de l’accord, Haïti devait être un acteur sur le marché de l’exportation agroalimentaire.
Pendant que vous continuez à faire rouler votre imagination, sachez que le 7 septembre 2018, en pâmoison, le Président Jovenel Moïse, l’héritier idéologique, le fils spirituel fabriqué de toutes pièces par Michel Martelly pour garantir son impunité, a fièrement annoncé qu’il avait autorisé le BMPAD, l’agence qui gère le Fonds PetroCaribe, à importer 12 mille tonnes de riz vietnamien.
C’est maintenant que vous devriez exprimer les frustrations et les déceptions que vous aviez mises en réserve dans le premier tantôt de tantôt. Si ça ne vous décourage pas, si ça ne vous met pas en colère, si ça ne vous indigne pas… j’aurais perdu mon temps à vous raconter tout ça pour absolument rien.
Malheureusement, entre votre imagination et la réalité, il y a un monde, un monde de corrompus, d’avares, de ti-vicieux, de mazettes, de sans-gênes, de grangous et d’aloufas. Entre votre imagination et la réalité, il y a un pays où l’impunité est reine, où des voyous et des andouilles confirment leur immunité par leur arrogance et en insultant tous ceux qui osent se permettre de questionner leurs bilans.
Dans votre réalité, il y a Michel Martelly, le condescendant, l’insolent, l’irrévérencieux Bandit légal, celui qui se croit tout permis, celui qui dit qu’il n’a de comptes à rendre à personne, celui qui devient plus sauvage quand on lui demande de faire le décompte, celui qui tente de vous faire peur pour tenter de vous faire taire.
La peur vient de changer de camp pour celui qui prétendait n’avoir peur de rien. Michel Martelly ne peut plus se taire. C’est maintenant à lui d’expliquer comment il s’y est pris pour pousser Haïti dans une crise plus profonde que celle dont devait le sortir le PetroCaribe Cooperation Agreement.
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C’est le tonneaux des Danaïdes ….Belle plume mon Fred !
Merci Frédéric,
J’en apprends beaucoup à te lire! La lisibilité du texte permet de mieux comprendre ce scandale qui, une fois de plus, montre que les dirigeants de ce pays, les uns après les autres, sont ineptes. Pauvre Haïti! On ne voit pas hélas d’où viendra le changement dont on rêve depuis longtemps. Merci pour ce douloureux éclairage.
Marlène
Cet article est un chef-d’oeuvre succinct qui doit convaincre les flatteurs, les indécis. L’essentiel y est décrit concernant les Fonds Petrocaribe. La conscience des fanatiques des petrodilapidateurs doit être fouettée après lecture de cet article. Les Petrochallengers doivent s’en inspirer pour mieux sensibiliser la population et provoque le réveil collectif brutal qui manque au mouvement #Petrocaribechallenge!
merci beaucoup pour cet excellent article cher maitre !
C’est vraiment un excellent texte, à la fois très informatif et très accessible.
J’ai beaucoup appris sur l’historique des fonds petrocaribe
Merci
Bon travail. J’ai jamais lu un texte aussi complet sur le scandale.
Je ne comprends pas le jeu politique des dirigeants vénézuélien. Qui a fait croire à Chavez que René Preval était un président de gauche? Disons-qu’il le savait déjà et qu’il a choisi malgré les enjeux dont il était question, d’inclure Haïti dans ce programme.
N’avait-t-il la capacité de donné des exigences beaucoup plus personnels vis-à-vis des dirigeants Haïtiens au lieu de les faire signés au nom du peuple. Si le Venezuela veut aider ses amis, il ne doit pas tomber dans l’incohérence total, en ce qui concerne sa Politique extérieure. Car, je crois, que c’est un peu la cause de cette gaspillage économique en Haïti , les dirigeants vénézuélien ont échoués dans leurs démarches par ce qu’ils ont fait confiance à un système Politique Haïtienne dépourvu de vision et de volonté, qui est basé plutôt sur: le favoritisme/népotisme; la fraude et la capture d’Etat. Et le pire, c’est que les dirigeants vénézuélien ne dénonce jamais les dillapideur par ce qu’il sait que l’argent sera remboursé de toute façon, ils ont profités de la dette pour faire leurs petits jeux sur la scène internationale(ONU) etc.
Maduro se présente avec le président problématique haïtien et lui donne son assentiment, c’est un acte qui prouve que les relations diplomatiques du Venezuela ne sont pas calculées sur l’échelle de la cohérence lorsqu’on sais que Maduro est socialiste et son homologue lui-même ne sais pas à quel idéologie il appartient,-le TÈT KALETISME?- est-ce une idéologie? ce qui me permet de demander si Chavez n’avait pas été trop naïf et Maduro aussi, sinon, c’est quoi ces comportements d’incohérences?
Excellent. Merci pour cette excellente contribution.
Je vous félicite pour la qualité de l’écrit. Je suis bien imbu maintenant.
Merci pour ce texte enrichissant
Avant tout merci pour le rapport. Le seul travail du peuple haitien qui est conscient du mal qu’ont fait ces voyous, c’est de Les identifier, de localiser leurs domiciles puis attendre le jugement si il y aura… Dans le cas contraire I’ll faut les derraciner ainsi que leurs proches et leurs pairs…
Ala traka pou lave kay tè ! Antouka mèsi pou tèks la, pou kalite enfomasyon li pote a ak manyè ou prezante yo a.
Se kounye a mwen byen konnen dosye sa malerezman se pa tout ayisyen ki ka li franse . Si atik sa te an kreyol tou li tap fè haiti plis byen
merci beaucoup. ou aprann mwen ke neg yo non selman yo bay fo montan nan envestisman yo. men tou envestisman yo pa bon. yo ta supoze envesti yon kote pou yo fe benefis. i pat enpotan non pou yo te envesti nan agrikilti, si agrikilti a patap rapoten anyen, men yo ta dwe gen kapasite pou yo fe kob la travay pou yo tire pwofi pou ogmante PIB per capita a (PIB par habitant).
gen yon fraz ou di ki enteresem ” la cours des comptes n’a pas voulu dire que Martelly faisait ce qu’il voulait dans le pays” se sa ki pwoblem nan, yon pep pa ka gen tout sevo sa yo pou yo kite se de ti grenn moun ap dirije yo, le president a fait ce qu;il voulait parcequ’il n’avait eu personne pour dire halte, et qui est cette personne capable de dire halte? c’est le peuple. mais quel peuple? yon peuple ki dezini pa yon pep. kitem diw ke moun ki responsab tout saw tande a la se pep la. leu pep la pap kontwole sa gouvenman an ap fe. se ap toujou menm katastwof sa yo nap jwenn. le president n’a pas un pouvoir absolu, dans la democratie c’est le peuple qui a le pouvoir. men le nou nou demisyone nan tach pa nou kisa nou vle ki pou fet ki pou bon? men menm mbay gouvenman an tort. men moun ki gen to tt bon se pep la,(sot ki bay, enbesil ki pa pran). leu Moise Jean Charles tap di me neg yo ap gaspiye kob la mal paske li menm li te vle louvri “welch” li te vle pou neg yo envesti kob la kote poul fe kob, nou telman demisyone kom pep, nou aveg nou dil se bare lap bare devlopman kite neg yo travay, nou pat pran tan pou nou analize sa ki tap pase a, e jodiya nou wel. teks sa sot di nou. moun yo pat fe anyen. e ti sa yo fe yo. se pat sa yo ta dwe fe. envestisman yo pat bon. travay la se nan men nou li ye. pou nou pran responsablite nou, pou nou konnen kijan nap administre peyi a. kiles nap mete, e le nou fin metel pou nou kontwole yo de pre.si yo fe fo pa pou nou revoke yo imefyatman mete moun ki konpetan touuuuut travay la se nan men pep la li ye. kiles ki vote? se pep la. alo chanjman peyi a nan men pep la.
merci beaucoup le texte m’a fait du bien, et m’a ouvert les yeux.
Mwen vreman renmen atik sa, ki pemet mwen konprann pi byen toujou dosye PETWOKARIBE a.Apre lekti sa ki klere je nou pou nou we ak kle kijan dirijan nou yo mechan, e ak yon bon jistis mesye sa yo ta gen anpil pou reponn ak nasyon an. Men mwen fe yon remak 2006 a kounya te Preval-Martelly-Privert-Jovenel. Komsi mwen pa we nou pale de Privert.sak pase li pat nan gaspiye a tou.
Felicitations et merci pour cette lumière. Très beau texte. J’en suis bien edifiée.
Mon ami, je ne saurais comment te dire merci pour pour ces éclaircissements dans mon cerveau petro-brouillé franchement c’est du grand art mon frère. Et surtout comme tu disais, le fil du scandale ne fait que commencer à se dérouler, je te propose de le peaufiner comme tant de détracteurs te l’ont demander, grandit la liste des arguments, touche le plus grand nombre d’impliqué que possible pour ne pas dire tous, et présente la en version dur sur le meme papirus que ces vauriens ont signé l arrêt de mort de développement de notre chère nation, à une opportunité qui nous aurait pas permis le ciel mais qui non plus ne nous aurait pas laisser loin. Surtout vendez la car il faut payer pour aller la ou on veut. La nation à voulue ces vauriens elles doivent payer pour aller au gouffre que ceux la lui ont laissés comme héritage et ta connaissance c’est ce ticket donc vendez la mon frère.
Article très bien travaillé. Bien documenté. Je vais le discuter avec mes étudiants dans le cadre de mon cours de marketing stratégique.
Merci Mr BOISROND
Ce texte très bien écrit nous a permis de percer les mysteres du château de la corruption entretenu par les élites anti-nationales.
L’affaire du petrocaribe est l’affaire des trois président ainsi conçu notamment René Préval, michel Martelly et Jocelerme Privert . si ce texte aurait basé sur ces trois ce texte aurait plus de valeur et ça lui rendrait beaucoup plus complet, ce texte m’a appris beaucoup de chose sur la dilapidation du fond petrocaribe . cependant la première partie explique comment l’accord a été signé, la deuxième explique le commencement de dilapidation par René Préval dans un paradigme holiste; ce qui devrait faire de la même manière que la dernière partie de Michel Martelly dans un cadre individualiste et pragmatique. Sur ceux, ce texte est penché quelques part…
En tout cas, j’ai beaucoup appris!
Vous avez dit tout ce que je voulais dire. Merci. Si le texte avait incus Jocelerme Privert, il aurait été plus crédible à mes yeux. Alors il faut faire sa propre recherche car on ne peut pas croire aveuglement à tout ce qu’il vient d’écrire. “Gen fòs koté”. Chercher à savoir pourquoi le prix du pétrole à chuter… Mr Boisrond “lèw Président wa komprann “.
Merci pour l’article. Je veux croire que ma lanterne est mieux eclairée maintenant. mwen fout fache…
Merci Professeur Boisrond pour ce texte combien instructif sur le Fonds Petrocaribe qui devrait, à priori, mettre et/ou aider le pays sur le rail du développement. Personnellement, ça m’a permis de bien comprendre à bien des égards les contours de ce programme et l’utilisation qui a été faite et dans quelle situation cette gestion malsaine a mis le pays et de surcroît les Haïtiens.
J’ai pensé avoir compris le “Petro Caribe”, j’étais loin de là. Après avoir lu ce texte très informatif aussi qu’explicite, j’ai enfin compris que le changement dont nous revons tous, est loin d’avoir atterri en Haïti.
Le gren nan boundatisme en pleine action. Martelly et ses mafieux térroriste siro-libanè sont les enfants des gnbistes appuyé par la CI ils ont atteints leurs objectifs. Haiti est un trou de merde.
Dérision. Humour décapant. Informations et opinions bien articulées. Bon texte.
Assez clair et instructif. Merci.